Tour Australie 2008
27 février
Départ de Roissy.
Un vol de 12h en direction de Singapour où nous attend un second avion…nous avons eu beaucoup de chance à l’embarquement avec les instruments qui pourtant étaient en surpoids monumental : la compagnie ne nous a rien facturé !
Mer noire, mer caspienne, Afghanistan, Inde… J’aimerai bien un jour pouvoir connaitre ces endroits sans les survoler à 800 km/h et 10 000 m d’altitude…juste prendre le temps pour voyager et ressentir les distances à échelle humaine…un voyage en voiture ?
Il faudra réfléchir à cela et à la manière dont la harpe pourrait m’y accompagner.
3h d’escale à Singapour – 28°
Vol qantas pour Adelaïde…horrible, je n’ai pas fermé l’œil, avion bruyant et hôtesses pas très sympathiques…de quoi donner envie de faire demi -tour.
Ce sera le même calvaire à l’arrivée au moment de la location de la voiture dont nous avons besoin pour toute la tournée. Tout est si protocolaire que cela paralyse les relations entre les gens.
29 février
Enfin, à 10h du matin, nous sommes en route vers notre premier point de chute, un peu de repos en vue avant le premier concert ce soir !
J’ai réalisé que les avions et les aéroports étaient les pires endroits au monde au niveau de la liberté et du respect des individualités.
Sans même parler des contrôles imposés par mesure de sécurité, ni des formalités douanières et autres vérifications (êtes vous un criminel ? amenez vous des fruits ou de la terre sur le sol australien ? avez-vous été dans une ferme au cours des 30 derniers jours ( !) ? avez vous déjà visité un pays d’Afrique ? transportez vous des explosifs ? et la tuberculose, l’avez-vous eu ? Transportez-vous des escargots ou des coquillages ?…autant de questions vitales auxquelles il faut répondre sans broncher si on veut rentrer sur le territoire australien…)
Dans les avions et les aéroports tout est fait pour parquer, diriger, cadrer les êtres dans leurs déplacements ou leurs envies : le repas à bord de l’avion sera pris à telle heure, et qu’importe si vous n’avez pas faim ou si vous dormez comme un loir, vous consommerez tel film, vous regarderez les objets proposés dans le duty free – vous boirez un thé ou une autre boisson chaude à telle heure – attachez vos ceintures, abaissez vos accoudoirs, prenez cet escalator, suivez cette flèche, terminal 2, mangez dans ce restaurant mis sur votre route (le seul du terminal, le même qu’à Chicago ou Paris…) passez devant nos magasins selon un chemin étudié, faites la queue, patientez, prenez un numéro et attendez qu’on vous appelle. Boarding pass svp ? Passeport ? Pourquoi venez-vous en Australie ? Faire de la musique ? Avez vous quelque chose à déclarer ? (alcool ? cigarettes ? morceau de terre accroché à vos chaussures ? fruits ?) …Merci et bienvenue à Adelaïde !
J’ai été choquée de faire partie de cette fourmilière, de cette grande danse où nos moindres décisions et déplacements sont orchestrés…
Moi qui entreprend ces voyages avec en tête l’idée que je peux toucher du doigt ma liberté, j’en ai saisi les limites chaque instant de notre voyage australien.
A l’arrivée, heureusement tout change et nous reprenons petit à petit visage humain et notre droit à décider de notre emploi du temps.
Concert au CAOS café
Un drôle d’endroit et tout un bazar aussi cette série de concerts dans le cadre du festival fringe d’Adelaïde.
Le fringe est un grand rendez vous où des centaines de concerts et de spectacles ont lieu chaque soir pendant trois semaines dans toute la ville.
Je n’en dirai pas beaucoup plus sur les protocoles (décidemment très protocolaire l’Australie…) : s’inscrire, annoncer, vendre les tickets en ligne, collecter les tickets chaque jour, rémunérer des intermédiaires qu’on ignorait, tout ça pour gagner le doit de faire partie de l’évènement…beaucoup de bruit pour rien.
Passons sur cette partie peu romantique de l’organisation pour parler des concerts eux mêmes...
public très chaleureux et sympa dans cet endroit qui ressemble à un grand pub. Le lieu accueille des concerts pour le moins éclectiques pendant la durée du fringe.
Le concert se passe bien. Nous sommes contents mais terrassés par la fatigue.
1er mars
Réveil à 6h39…si seulement je pouvais me lever si tôt en France ! La maison est endormie, il n’y plus qu’à attendre que tout le monde se lève.
A midi nous faisons un tour au central market, le grand marché couvert de la ville, pour annoncer les concerts du week end. Nous avons joué quelques morceaux sur une scène de fortune.
On trouve à central market à peu près tout se qui se mange ou se boit sur cette terre…
Concert Caos cafe le soir
Pas envie d’en dire beaucoup sur cette soirée sinon que l’ingénieur du son avait juré notre perte. Il a été notre ennemi invisible pendant toute la durée du concert.
Nous préférons qu’il ne revienne pas le lendemain !
La jeune chanteuse Siobhan Owen chante deux chansons galloises à la fin de notre concert.
Dimanche 2 mars
Un peu sur les chapeaux de roue : j’enchaine mon workshop à l’alliance française et le concert de l’après midi au caos café.
Une radio de Canberra est venue enregistrer le concert.
Là où nous résidons, tout est luxuriant. Chaque maison à son propre jardin. La végétation est plus belle et plus verte partout où l’on pose le regard.
Je soupçonne une concurrence entre voisins dans le soin apporté à l’apparence extérieure des maisons…
On peut voir là dedans un amour particulier pour la nature, mais en y réfléchissant un peu, je me suis rendue compte qu’il n’y avait rien d’écologique dans tout ça : aucun tri sélectif dans toute la ville, des voitures qui consomment énormément (2 ou 3 voitures au minimum par maison, gros 4X4 polluants pour la plupart), pas d’énergie solaire alors que l’ensoleillement est maximum, une consommation d’eau complètement déraisonnable et non maitrisée (nous avons vu un homme dont le sport préféré avait l’air d’être l’arrosage continu de la parcelle de pelouse située sur le trottoir devant sa maison…)
J’ai lu que l’Australie connaissait de gros problèmes de sécheresse, que la couche d’ozone y était très dégradée et qu’ils avaient désormais dépassé les Etats Unis en matière de pollution…
les gens semblent dans une totale inconscience de tout cela autour de nous.
Cela ne nous a pas empêché de faire connaissance dans la soirée, après le repas du soir sur la terrasse, avec un charmant opossum qui habite la toiture de la maison.
C’est une bestiole rigolote à mi chemin entre le loir et l’écureuil…
Lundi 3 mars
Le dernier concert au Caos Cafe…
Aventures dans une pharmacie.
Grand barbecue le soir.
Mardi 4 mars
Balade dans le quartier de Norwood.
Escapade à Cleland, le parc naturel près duquel j’étais logée lors de mon premier séjour à Adelaide. Les Waterfalls…la sécheresse se fait sentir : il n’y presque plus d’eau là bas.
Interview sur radio Adelaide.
Diner au Grimaldi avec tout le monde et de vieux amis de l’année dernière.
Cette nuit j’ai fait un rêve étrange : un parc plein d’eucalyptus et de grands arbres secs. Des visages dessinés à la craie sur l’un d’entre eux. Visages ovales avec juste la marque des yeux et un trait pour la bouche. Ces visages sont les âmes de personnes disparues.
Il y avait une femme qui savait les reconnaitre et les retrouver en regardant les visages…
Mercredi 5 mars
La journée passée à courir pour réunir le matériel de son nécessaire pour le concert que nous donnons ce soir à l’alliance française.
Il aura lieu au meeting Hall – derrière le city hall – un temple méthodiste reconverti en salle de concert pour l’occasion.
Concert plutôt intime pour les membres de l’Alliance française suivi d’un dîner très sympa avec la famille du directeur et le président de l’Alliance.
Jeudi 6 mars
Il fait de plus en plus chaud…pour un début d’automne c’est très étonnant nous a-t-dit. Plus de 37°.
Nous rejouons a central market et rendons le matériel de son emprunté la veille.
Concert le soir à Trinity church.
C’est un très bel endroit sur Goodwood.
Le son est parfait. L’église pleine à craquer. Tout le monde a réservé sa place.
Un concert en deux parties – ce que je trouve plus fatiguant.
Cela nous a fait du bien de ressentir l’échange d’énergie fort entre nous et le public ; cela avait un peu manqué au Caos Cafe mais je pense que le lieu y était pour beaucoup.
En fond sonore avant le spectacle l’ingénieur du son avait choisi Loreena McKennit (dont la musique me poursuit jusqu’en Australie) et Clannad, qui est décidemment un des mes groupes préférés.
Hier soir c’est le groupe de musique traditionnelle québécois « genticorum » qui nous a précédé sur scène.
Nous nous couchons assez tard et il faut dormir quand même car nous partons tôt demain.
Vendredi 7 mars Départ à 6h30
route vers Port Fairy – 600km en 7h…c’est la théorie – une highway qui s’avère souvent limitée à 80km/h et qui traverse de petits bourgs.
L’aventure pointe son nez. Des paysages de campagne : fermes et champs à perte de vue. Tout est sec- des vaches et des moutons – des forêts et des panneaux qui nous demandent de faire attention aux koalas…
Nous nous arrêtons vers 9h dans une station au bord de la route – c’est un autre monde – bien loin de la grande vile d’Adelaide : des affiches pour le spectacle de rodéo local, une tête de taureau empaillée au mur, un comptoir hors d’âge, des sucreries et de magazines qui attendent des clients depuis longtemps…
Après quelques aventures dans un fast food nous sommes à Port Fairy en début d’après midi.
C’est un petit village qui a du être un village de pêcheurs quelques minuscules maisons de pierre datant du XIXème siècle et beaucoup de résidences secondaires très design qui doivent valoir une fortune.
L’hiver le village doit être quasi désert mais pour le festival la moindre parcelle de terrain est occupée par des tentes ou des caravanes ; toutes les chambres d’hôtel sont réservées.
Il y a de grandes plages de sable fin, des rochers noirs, des dunes à n’en plus finir et de grosses vagues toutes blanches qui déferlent.
En une petite heure on peut faire le tour du village, une ou deux rues principales dans lesquelles se trouvent les commerces.
Le village s’est mis à l’heure du festival, tout est ouvert et bourdonne comme une ruche de toutes les couleurs. Des festivaliers de tous les âges…certains trimbalent leur siège pliant pour assister aux concerts.
Nos concerts auront lieu dans l’enceinte du festival - ce soir sur la grande scène et dimanche à l’église St John et au St Pat’s hall.
Ce festival est tellement gigantesque qu’il y a tout un protocole pour s’enregistrer à l’entrée, se garer, laisser, ranger les instruments etc.…j’avoue que nous n’en suivons que les grandes lignes.
Nous dormons dans un bed et breakfast tout près de la mer chez des hôtes charmants.
Concert stage 5 le soir à 9h20.
Horaires très précis et balance éclair – du jamais vu : 10 minutes pour chaque groupe pour régler le son avant de jouer – une horloge sur scène pour ne pas « déborder »...De quoi devenir fou mais nous nous en sortons sans trop de dégâts. La scène est immense et je pense qu’il y avait un bon millier de personnes pour nous écouter.
J’aurai quand même préféré créer un joli son avant de jouer ; tout va si vite dans ce festival.
Les groupes s’enchainent (‘une centaine de performers au moins et pleins de scènes) c’est dans l’air du temps de ne pas prendre le temps et de consommer la musique…
8 mars
Workshop
j’ai naïvement pensé que ce workshop serait le rdv de quelques harpistes ou musiciens qui souhaiteraient apprendre quelques airs, comme c’est toujours le cas lorsque je donne des stages ou masterclass.
En fait nous nous retrouvons devant une audience d’une centaine de personnes qui attendent de moi je leur raconte la Bretagne et la musique bretonne…1h d’improvisation totale sur ce thème !
Toute l’après midi est libre – balade sur la plage.
Nous jetons une oreille sur le reste de la programmation. Beaucoup de country et de bluegrass – quelques groupes internationaux mais essentiellement des musiciens australiens et américains.
Nous nous sommes baladés sur les stands des luthiers. J’ai du mal à retenir les musiciens. Peu de harpe – je crois qu’il y avait deux luthiers sur le festival et j’ai retrouvé la carte de l’un d’entre eux dans la boite de ma harpe.
Le soir nous nous asseyons sur la plage devant un ciel plein d’étoiles – ciel noir – sable blanc, et au loin la mer qui gronde – des milliers d’étoiles que nous ne voyons jamais dans notre ciel du nord…
Dimanche 9 mars
2 concerts aujourd’hui
le premier à lieu en début d’après midi dans l’église St John.
Belle église bien fraîche en comparaison de la chaleur accablante qui règne dehors.
C’est très agréable d’avoir le temps de faire une balance !
Nous avons laissé trop peu de Cd à la boutique du festival et ils sont déjà sold out.
Un grand panneau invite tout le monde à en commander.
Dernier concert ce soir au St Pat’s Hall pour le concert « Celtic Colors » en compagnie de quatre autres artistes dont Alesa Lajana, Gibb Todd et Genticorum, les québécois qui nous avaient précédés à Adelaide.
C’est un superbe moment avec le public car nous avons réussi un rappel (« encore » comme on l’appelle ici) – ce qui est parait-il très rare sur le festival – le public étaient debout.
Lundi 10 mars
Départ vers midi pour l’étape suivante : Melbourne.
Nous avons longtemps hésité à emprunter la great ocean road qui serpente entre Port Fairy et Melbourne en longeant la côte : 6 heures de route pour 300km…nous optons plutôt pour la highway.
les trois jours passés à Melbourne ne seront pas parmi les meilleurs souvenirs de voyage. La ville est moins charmante qu’Adelaide et nous logeons dans un quartier un peu morne.
Le seul souvenir memorable est celui d’une baignade tout habillés sur la plage de St Kilda en plein après midi : il faisait si beau et la mer était si belle que c’était impossible de résister.
St Kilda est une sorte de promenade des anglais avec des palmiers et des attractions pour les touristes.
Concert feutré au Northcote social club – quartier de Northcote – une jolie petite salle chaleureuse et un accueil vraiment sympa du public.
Melbourne aura aussi été l’occasion de quelques émissions de radio sur SBS et ABC, deux radios nationales…
Je suis très surprise par ce que les architectes contemporains osent à Melbourne.
Peut être est ce du à la jeunesse de ce pays. Tous les fantasmes architecturaux sont permis...la pyramide du Louvre a l’air d’une vieille dame bien sage à côté de ce que j’ai pu voir à Melbourne.
Je n’aime pas tout mais c’est rassurant de voir toute cette créativité…
13 mars
Départ pour Yackandandah – une petite ville dont le nom à la sonorité étrange ne dit pas grand-chose aux gens que nous avons croisés depuis Adelaide.
300km environ au nord est de Melbourne dans les montagnes.
Il fait très très chaud.
Déjeuner dans une petite ville à mi chemin. 1 seule rue principale qui réunit tous les commerces.
Tout le monde doit se connaitre ici.
La sensation d’être au milieu de nulle part.
Qu’est ce qui a motivé les migrants de s’établir ici plutôt qu’ailleurs ?
Yackandandah –
Nous sommes ici dans « les alpes » (en réalité un paysage de collines boisées qui rappelle plutôt le Jura).
Petite ville de far West nichée au cœur des collines : une seule rue principale, des enseignes en bois, un parfum de western.
La ville organise un festival folk chaque année et s’est pour l’occasion parée de centaines de drapeaux arc en ciel et de fanions de toutes les couleurs…très 70’s.
Nous attendons nos hôtes pour nous installer.
Après quelques heures passées à la terrasse de la boulangerie locale à boire du thé et à lutter contre la chaleur oppressante, cette ville m’évoque de plus en plus l’atmosphère qui règne dans le film « the wickerman » - un film au climat très particulier qui se déroule sur une île au large des côtes anglaises. (le Film de 1973, pas la version récente) : boutiques désuètes et étranges, flacons en verre dans la pharmacie, antiquité, boutique de sorcières (pierres, herbes et autres charmes), personnes très accueillantes qui ont toues l’air de se connaitre...
18h
Il est temps d’aller découvrir l’endroit où nous serons logés pendant le festival….une belle surprise :
la maison est située dans les collines en dehors de la ville, en pleine nature.
Grand jardin rempli de fleurs, maison immense, des chevaux dans les prés, une vache dont le veau tout noir vient de naître il y a deux jours…c’est un petit bout de paradis.
Notre hôte Roselyne, est merveilleusement accueillante.
Dîner sous le soleil couchant dans les collines.
14 mars
1er jour du festival.
Nous jouerons seulement ce soir. Toujours ce même mode de programmation dans lequel les groupes jouent une poignée de minutes.
Concert au Public Hall – programme folk et bluegrass – la guitare est reine – les « songwriters » sont au cœur du festival. Nous sommes très bien accueillis.
Nous sommes un peu passés pour des maniaques avec notre désir de faire un soundcheck de quelques minutes (précieuses) avant de jouer… ici ce n’est pas dans les mœurs ; les musiciens découvrent leur son pendant les premières chansons.
Nous devons être perçus comme des perfectionnistes – ou des fous français – avec nos désirs et recommandations passées à l’ingénieur du son avant de jouer…plus difficile de régler le son de notre trio qu’un show guitare-voix…
La ville a édité un petit journal avec le programme du festival aujourd’hui – il est distribué dans toute la ville...
Quelle surprise de découvrir ma photo en grand sur la couverture – du coup je ne peux plus circuler aussi discrètement dans la rue principale.
15 mars
3 concerts aujourd’hui !
Le premier a lieu dans la plus petite salle de concert au monde (!!!) un endroit appelé « court house » - le tribunal – surement plus en service aujourd’hui – un tribunal en miniature – comme celui d’une maison de poupée. Facile d’imaginer des tas d’histoires très rocambolesques en se projetant dans le passé de ce tribunal de western.
La salle est remplie à ras bord. Nous avons le droit à un rappel !
Second concert à l’heure du déjeuner.
Un concert thématique intitulé « only a woman » et pour lequel je joue en solo avec 5 autres femmes.
J’avoue que je n’ai pas totalement joué le jeu de ce concert qui aurait voulu que je reste sur scène avec tout le monde pendant toute la durée du concert (2h) pour jouer seulement 20 minutes…
troisieme concert au public Hall. le public debout. nous sommes très heureux d'avoir fini cette aventure australienne par ce rendez vous.
Dommage que nous n'ayons plus de diques depuis port Fairy...les gens prennent commande pour l'année prochaine !
16 mars
3h du matin – trajet pour Melbourne
rendre la voiture, prendre un avion,puis un second…Paris
Départ de Roissy.
Un vol de 12h en direction de Singapour où nous attend un second avion…nous avons eu beaucoup de chance à l’embarquement avec les instruments qui pourtant étaient en surpoids monumental : la compagnie ne nous a rien facturé !
Mer noire, mer caspienne, Afghanistan, Inde… J’aimerai bien un jour pouvoir connaitre ces endroits sans les survoler à 800 km/h et 10 000 m d’altitude…juste prendre le temps pour voyager et ressentir les distances à échelle humaine…un voyage en voiture ?
Il faudra réfléchir à cela et à la manière dont la harpe pourrait m’y accompagner.
3h d’escale à Singapour – 28°
Vol qantas pour Adelaïde…horrible, je n’ai pas fermé l’œil, avion bruyant et hôtesses pas très sympathiques…de quoi donner envie de faire demi -tour.
Ce sera le même calvaire à l’arrivée au moment de la location de la voiture dont nous avons besoin pour toute la tournée. Tout est si protocolaire que cela paralyse les relations entre les gens.
29 février
Enfin, à 10h du matin, nous sommes en route vers notre premier point de chute, un peu de repos en vue avant le premier concert ce soir !
J’ai réalisé que les avions et les aéroports étaient les pires endroits au monde au niveau de la liberté et du respect des individualités.
Sans même parler des contrôles imposés par mesure de sécurité, ni des formalités douanières et autres vérifications (êtes vous un criminel ? amenez vous des fruits ou de la terre sur le sol australien ? avez-vous été dans une ferme au cours des 30 derniers jours ( !) ? avez vous déjà visité un pays d’Afrique ? transportez vous des explosifs ? et la tuberculose, l’avez-vous eu ? Transportez-vous des escargots ou des coquillages ?…autant de questions vitales auxquelles il faut répondre sans broncher si on veut rentrer sur le territoire australien…)
Dans les avions et les aéroports tout est fait pour parquer, diriger, cadrer les êtres dans leurs déplacements ou leurs envies : le repas à bord de l’avion sera pris à telle heure, et qu’importe si vous n’avez pas faim ou si vous dormez comme un loir, vous consommerez tel film, vous regarderez les objets proposés dans le duty free – vous boirez un thé ou une autre boisson chaude à telle heure – attachez vos ceintures, abaissez vos accoudoirs, prenez cet escalator, suivez cette flèche, terminal 2, mangez dans ce restaurant mis sur votre route (le seul du terminal, le même qu’à Chicago ou Paris…) passez devant nos magasins selon un chemin étudié, faites la queue, patientez, prenez un numéro et attendez qu’on vous appelle. Boarding pass svp ? Passeport ? Pourquoi venez-vous en Australie ? Faire de la musique ? Avez vous quelque chose à déclarer ? (alcool ? cigarettes ? morceau de terre accroché à vos chaussures ? fruits ?) …Merci et bienvenue à Adelaïde !
J’ai été choquée de faire partie de cette fourmilière, de cette grande danse où nos moindres décisions et déplacements sont orchestrés…
Moi qui entreprend ces voyages avec en tête l’idée que je peux toucher du doigt ma liberté, j’en ai saisi les limites chaque instant de notre voyage australien.
A l’arrivée, heureusement tout change et nous reprenons petit à petit visage humain et notre droit à décider de notre emploi du temps.
Concert au CAOS café
Un drôle d’endroit et tout un bazar aussi cette série de concerts dans le cadre du festival fringe d’Adelaïde.
Le fringe est un grand rendez vous où des centaines de concerts et de spectacles ont lieu chaque soir pendant trois semaines dans toute la ville.
Je n’en dirai pas beaucoup plus sur les protocoles (décidemment très protocolaire l’Australie…) : s’inscrire, annoncer, vendre les tickets en ligne, collecter les tickets chaque jour, rémunérer des intermédiaires qu’on ignorait, tout ça pour gagner le doit de faire partie de l’évènement…beaucoup de bruit pour rien.
Passons sur cette partie peu romantique de l’organisation pour parler des concerts eux mêmes...
public très chaleureux et sympa dans cet endroit qui ressemble à un grand pub. Le lieu accueille des concerts pour le moins éclectiques pendant la durée du fringe.
Le concert se passe bien. Nous sommes contents mais terrassés par la fatigue.
1er mars
Réveil à 6h39…si seulement je pouvais me lever si tôt en France ! La maison est endormie, il n’y plus qu’à attendre que tout le monde se lève.
A midi nous faisons un tour au central market, le grand marché couvert de la ville, pour annoncer les concerts du week end. Nous avons joué quelques morceaux sur une scène de fortune.
On trouve à central market à peu près tout se qui se mange ou se boit sur cette terre…
Concert Caos cafe le soir
Pas envie d’en dire beaucoup sur cette soirée sinon que l’ingénieur du son avait juré notre perte. Il a été notre ennemi invisible pendant toute la durée du concert.
Nous préférons qu’il ne revienne pas le lendemain !
La jeune chanteuse Siobhan Owen chante deux chansons galloises à la fin de notre concert.
Dimanche 2 mars
Un peu sur les chapeaux de roue : j’enchaine mon workshop à l’alliance française et le concert de l’après midi au caos café.
Une radio de Canberra est venue enregistrer le concert.
Là où nous résidons, tout est luxuriant. Chaque maison à son propre jardin. La végétation est plus belle et plus verte partout où l’on pose le regard.
Je soupçonne une concurrence entre voisins dans le soin apporté à l’apparence extérieure des maisons…
On peut voir là dedans un amour particulier pour la nature, mais en y réfléchissant un peu, je me suis rendue compte qu’il n’y avait rien d’écologique dans tout ça : aucun tri sélectif dans toute la ville, des voitures qui consomment énormément (2 ou 3 voitures au minimum par maison, gros 4X4 polluants pour la plupart), pas d’énergie solaire alors que l’ensoleillement est maximum, une consommation d’eau complètement déraisonnable et non maitrisée (nous avons vu un homme dont le sport préféré avait l’air d’être l’arrosage continu de la parcelle de pelouse située sur le trottoir devant sa maison…)
J’ai lu que l’Australie connaissait de gros problèmes de sécheresse, que la couche d’ozone y était très dégradée et qu’ils avaient désormais dépassé les Etats Unis en matière de pollution…
les gens semblent dans une totale inconscience de tout cela autour de nous.
Cela ne nous a pas empêché de faire connaissance dans la soirée, après le repas du soir sur la terrasse, avec un charmant opossum qui habite la toiture de la maison.
C’est une bestiole rigolote à mi chemin entre le loir et l’écureuil…
Lundi 3 mars
Le dernier concert au Caos Cafe…
Aventures dans une pharmacie.
Grand barbecue le soir.
Mardi 4 mars
Balade dans le quartier de Norwood.
Escapade à Cleland, le parc naturel près duquel j’étais logée lors de mon premier séjour à Adelaide. Les Waterfalls…la sécheresse se fait sentir : il n’y presque plus d’eau là bas.
Interview sur radio Adelaide.
Diner au Grimaldi avec tout le monde et de vieux amis de l’année dernière.
Cette nuit j’ai fait un rêve étrange : un parc plein d’eucalyptus et de grands arbres secs. Des visages dessinés à la craie sur l’un d’entre eux. Visages ovales avec juste la marque des yeux et un trait pour la bouche. Ces visages sont les âmes de personnes disparues.
Il y avait une femme qui savait les reconnaitre et les retrouver en regardant les visages…
Mercredi 5 mars
La journée passée à courir pour réunir le matériel de son nécessaire pour le concert que nous donnons ce soir à l’alliance française.
Il aura lieu au meeting Hall – derrière le city hall – un temple méthodiste reconverti en salle de concert pour l’occasion.
Concert plutôt intime pour les membres de l’Alliance française suivi d’un dîner très sympa avec la famille du directeur et le président de l’Alliance.
Jeudi 6 mars
Il fait de plus en plus chaud…pour un début d’automne c’est très étonnant nous a-t-dit. Plus de 37°.
Nous rejouons a central market et rendons le matériel de son emprunté la veille.
Concert le soir à Trinity church.
C’est un très bel endroit sur Goodwood.
Le son est parfait. L’église pleine à craquer. Tout le monde a réservé sa place.
Un concert en deux parties – ce que je trouve plus fatiguant.
Cela nous a fait du bien de ressentir l’échange d’énergie fort entre nous et le public ; cela avait un peu manqué au Caos Cafe mais je pense que le lieu y était pour beaucoup.
En fond sonore avant le spectacle l’ingénieur du son avait choisi Loreena McKennit (dont la musique me poursuit jusqu’en Australie) et Clannad, qui est décidemment un des mes groupes préférés.
Hier soir c’est le groupe de musique traditionnelle québécois « genticorum » qui nous a précédé sur scène.
Nous nous couchons assez tard et il faut dormir quand même car nous partons tôt demain.
Vendredi 7 mars Départ à 6h30
route vers Port Fairy – 600km en 7h…c’est la théorie – une highway qui s’avère souvent limitée à 80km/h et qui traverse de petits bourgs.
L’aventure pointe son nez. Des paysages de campagne : fermes et champs à perte de vue. Tout est sec- des vaches et des moutons – des forêts et des panneaux qui nous demandent de faire attention aux koalas…
Nous nous arrêtons vers 9h dans une station au bord de la route – c’est un autre monde – bien loin de la grande vile d’Adelaide : des affiches pour le spectacle de rodéo local, une tête de taureau empaillée au mur, un comptoir hors d’âge, des sucreries et de magazines qui attendent des clients depuis longtemps…
Après quelques aventures dans un fast food nous sommes à Port Fairy en début d’après midi.
C’est un petit village qui a du être un village de pêcheurs quelques minuscules maisons de pierre datant du XIXème siècle et beaucoup de résidences secondaires très design qui doivent valoir une fortune.
L’hiver le village doit être quasi désert mais pour le festival la moindre parcelle de terrain est occupée par des tentes ou des caravanes ; toutes les chambres d’hôtel sont réservées.
Il y a de grandes plages de sable fin, des rochers noirs, des dunes à n’en plus finir et de grosses vagues toutes blanches qui déferlent.
En une petite heure on peut faire le tour du village, une ou deux rues principales dans lesquelles se trouvent les commerces.
Le village s’est mis à l’heure du festival, tout est ouvert et bourdonne comme une ruche de toutes les couleurs. Des festivaliers de tous les âges…certains trimbalent leur siège pliant pour assister aux concerts.
Nos concerts auront lieu dans l’enceinte du festival - ce soir sur la grande scène et dimanche à l’église St John et au St Pat’s hall.
Ce festival est tellement gigantesque qu’il y a tout un protocole pour s’enregistrer à l’entrée, se garer, laisser, ranger les instruments etc.…j’avoue que nous n’en suivons que les grandes lignes.
Nous dormons dans un bed et breakfast tout près de la mer chez des hôtes charmants.
Concert stage 5 le soir à 9h20.
Horaires très précis et balance éclair – du jamais vu : 10 minutes pour chaque groupe pour régler le son avant de jouer – une horloge sur scène pour ne pas « déborder »...De quoi devenir fou mais nous nous en sortons sans trop de dégâts. La scène est immense et je pense qu’il y avait un bon millier de personnes pour nous écouter.
J’aurai quand même préféré créer un joli son avant de jouer ; tout va si vite dans ce festival.
Les groupes s’enchainent (‘une centaine de performers au moins et pleins de scènes) c’est dans l’air du temps de ne pas prendre le temps et de consommer la musique…
8 mars
Workshop
j’ai naïvement pensé que ce workshop serait le rdv de quelques harpistes ou musiciens qui souhaiteraient apprendre quelques airs, comme c’est toujours le cas lorsque je donne des stages ou masterclass.
En fait nous nous retrouvons devant une audience d’une centaine de personnes qui attendent de moi je leur raconte la Bretagne et la musique bretonne…1h d’improvisation totale sur ce thème !
Toute l’après midi est libre – balade sur la plage.
Nous jetons une oreille sur le reste de la programmation. Beaucoup de country et de bluegrass – quelques groupes internationaux mais essentiellement des musiciens australiens et américains.
Nous nous sommes baladés sur les stands des luthiers. J’ai du mal à retenir les musiciens. Peu de harpe – je crois qu’il y avait deux luthiers sur le festival et j’ai retrouvé la carte de l’un d’entre eux dans la boite de ma harpe.
Le soir nous nous asseyons sur la plage devant un ciel plein d’étoiles – ciel noir – sable blanc, et au loin la mer qui gronde – des milliers d’étoiles que nous ne voyons jamais dans notre ciel du nord…
Dimanche 9 mars
2 concerts aujourd’hui
le premier à lieu en début d’après midi dans l’église St John.
Belle église bien fraîche en comparaison de la chaleur accablante qui règne dehors.
C’est très agréable d’avoir le temps de faire une balance !
Nous avons laissé trop peu de Cd à la boutique du festival et ils sont déjà sold out.
Un grand panneau invite tout le monde à en commander.
Dernier concert ce soir au St Pat’s Hall pour le concert « Celtic Colors » en compagnie de quatre autres artistes dont Alesa Lajana, Gibb Todd et Genticorum, les québécois qui nous avaient précédés à Adelaide.
C’est un superbe moment avec le public car nous avons réussi un rappel (« encore » comme on l’appelle ici) – ce qui est parait-il très rare sur le festival – le public étaient debout.
Lundi 10 mars
Départ vers midi pour l’étape suivante : Melbourne.
Nous avons longtemps hésité à emprunter la great ocean road qui serpente entre Port Fairy et Melbourne en longeant la côte : 6 heures de route pour 300km…nous optons plutôt pour la highway.
les trois jours passés à Melbourne ne seront pas parmi les meilleurs souvenirs de voyage. La ville est moins charmante qu’Adelaide et nous logeons dans un quartier un peu morne.
Le seul souvenir memorable est celui d’une baignade tout habillés sur la plage de St Kilda en plein après midi : il faisait si beau et la mer était si belle que c’était impossible de résister.
St Kilda est une sorte de promenade des anglais avec des palmiers et des attractions pour les touristes.
Concert feutré au Northcote social club – quartier de Northcote – une jolie petite salle chaleureuse et un accueil vraiment sympa du public.
Melbourne aura aussi été l’occasion de quelques émissions de radio sur SBS et ABC, deux radios nationales…
Je suis très surprise par ce que les architectes contemporains osent à Melbourne.
Peut être est ce du à la jeunesse de ce pays. Tous les fantasmes architecturaux sont permis...la pyramide du Louvre a l’air d’une vieille dame bien sage à côté de ce que j’ai pu voir à Melbourne.
Je n’aime pas tout mais c’est rassurant de voir toute cette créativité…
13 mars
Départ pour Yackandandah – une petite ville dont le nom à la sonorité étrange ne dit pas grand-chose aux gens que nous avons croisés depuis Adelaide.
300km environ au nord est de Melbourne dans les montagnes.
Il fait très très chaud.
Déjeuner dans une petite ville à mi chemin. 1 seule rue principale qui réunit tous les commerces.
Tout le monde doit se connaitre ici.
La sensation d’être au milieu de nulle part.
Qu’est ce qui a motivé les migrants de s’établir ici plutôt qu’ailleurs ?
Yackandandah –
Nous sommes ici dans « les alpes » (en réalité un paysage de collines boisées qui rappelle plutôt le Jura).
Petite ville de far West nichée au cœur des collines : une seule rue principale, des enseignes en bois, un parfum de western.
La ville organise un festival folk chaque année et s’est pour l’occasion parée de centaines de drapeaux arc en ciel et de fanions de toutes les couleurs…très 70’s.
Nous attendons nos hôtes pour nous installer.
Après quelques heures passées à la terrasse de la boulangerie locale à boire du thé et à lutter contre la chaleur oppressante, cette ville m’évoque de plus en plus l’atmosphère qui règne dans le film « the wickerman » - un film au climat très particulier qui se déroule sur une île au large des côtes anglaises. (le Film de 1973, pas la version récente) : boutiques désuètes et étranges, flacons en verre dans la pharmacie, antiquité, boutique de sorcières (pierres, herbes et autres charmes), personnes très accueillantes qui ont toues l’air de se connaitre...
18h
Il est temps d’aller découvrir l’endroit où nous serons logés pendant le festival….une belle surprise :
la maison est située dans les collines en dehors de la ville, en pleine nature.
Grand jardin rempli de fleurs, maison immense, des chevaux dans les prés, une vache dont le veau tout noir vient de naître il y a deux jours…c’est un petit bout de paradis.
Notre hôte Roselyne, est merveilleusement accueillante.
Dîner sous le soleil couchant dans les collines.
14 mars
1er jour du festival.
Nous jouerons seulement ce soir. Toujours ce même mode de programmation dans lequel les groupes jouent une poignée de minutes.
Concert au Public Hall – programme folk et bluegrass – la guitare est reine – les « songwriters » sont au cœur du festival. Nous sommes très bien accueillis.
Nous sommes un peu passés pour des maniaques avec notre désir de faire un soundcheck de quelques minutes (précieuses) avant de jouer… ici ce n’est pas dans les mœurs ; les musiciens découvrent leur son pendant les premières chansons.
Nous devons être perçus comme des perfectionnistes – ou des fous français – avec nos désirs et recommandations passées à l’ingénieur du son avant de jouer…plus difficile de régler le son de notre trio qu’un show guitare-voix…
La ville a édité un petit journal avec le programme du festival aujourd’hui – il est distribué dans toute la ville...
Quelle surprise de découvrir ma photo en grand sur la couverture – du coup je ne peux plus circuler aussi discrètement dans la rue principale.
15 mars
3 concerts aujourd’hui !
Le premier a lieu dans la plus petite salle de concert au monde (!!!) un endroit appelé « court house » - le tribunal – surement plus en service aujourd’hui – un tribunal en miniature – comme celui d’une maison de poupée. Facile d’imaginer des tas d’histoires très rocambolesques en se projetant dans le passé de ce tribunal de western.
La salle est remplie à ras bord. Nous avons le droit à un rappel !
Second concert à l’heure du déjeuner.
Un concert thématique intitulé « only a woman » et pour lequel je joue en solo avec 5 autres femmes.
J’avoue que je n’ai pas totalement joué le jeu de ce concert qui aurait voulu que je reste sur scène avec tout le monde pendant toute la durée du concert (2h) pour jouer seulement 20 minutes…
troisieme concert au public Hall. le public debout. nous sommes très heureux d'avoir fini cette aventure australienne par ce rendez vous.
Dommage que nous n'ayons plus de diques depuis port Fairy...les gens prennent commande pour l'année prochaine !
16 mars
3h du matin – trajet pour Melbourne
rendre la voiture, prendre un avion,puis un second…Paris
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