mercredi 12 décembre 2007

Novembre en Pologne...

22 novembre 2007 

Nous sommes arrivés à Wałbrzych hier après une interminable attente à l’aéroport de Paris, une escale à Varsovie, un vol miraculeusement attrapé pour Wroclaw et 80 km de voiture… 
Nous sommes ici dans le sud est de la Pologne, une région appelée Silésie. 
Ce sont d’anciennes terres minières mais toutes les mines ont fermé il y a 20 ans , laissant derrière elles la misère et des jours sombres pour la population … grandes maisons cossues côtoient des bâtiments plus modernes et des abords de ville qui ressemblent à tous ceux que l’on croise plus à l’ouest, avec les sempiternelles mêmes enseignes de grande distribution et de voitures. 
Aujourd’hui la région s’en sort grâce des zones franches attribuées pour l’industrie automobile, la porcelaine et le bois…C’est aussi une ville thermale. 

Un peu de neige dans les rues - des gens qui marchent vite - il fait froid – il y a une odeur indéfinissable – mélange de charbon et de fuel – que personne ne semble remarquer… 

Nous sommes merveilleusement accueillis ici par Bogdan Krol et sa petite équipe de la maison de la Bretagne…un tel lien parait étonnant mais les échanges entre la Bretagne et la Pologne existent depuis plus de 20 ans et nous sommes fiers d’avoir été invités et choisis cette année pour cette « semaine de la Bretagne » en Pologne… 

Lors du déjeuner, Bogdan nous raconte un peu ce qu’a été sa vie et la vie des polonais de sa génération depuis la guerre 39-45…tant de misères et tant de restrictions – des frontières posées entre les peuples. 
Je suis heureuse de le voir en parler avec le sourire. 
Les gens ici semblent respirer à nouveau après des années sous une chape de plomb. 
On ressent que les temps difficiles ne sont pas si loin derrière mais tout est toujours fait pour regarder vers l’avant (et oublier ?) – il y a du soin dans les détails – de la coquetterie – de la gentillesse à chaque endroit où nous passons… 




Pour la première fois les musiciens reçoivent des fleurs en même temps que moi à la fin du concert que nous avons donné aujourd’hui au musée régional – j’ai senti beaucoup de cœur chez tous les gens qui étaient là…On m’a offert un recueil de poèmes d’un poète local et une petite tablette de chocolat – il y avait un si grand soin apporté au paquet que je me suis souvenue du sens du mot « cadeau » ; je l’avais oublié dans l’agitation et « l’effervescence » de Paris.

Nous passons la soirée tranquillement et nous avons fait le tour de la ville par un vent glacial à la recherche d’un café…nous avons trouvé un petit bar dans lequel deux ou trois silhouettes vidaient verre sur verre…où sont les gens ?
En tendant l’oreille on pouvait entendre les musiques et les flonflons des bals qui ont lieu dans de grands bâtiments dans le cœur de la ville…les gens ici se réchauffent en dansant la valse !

november 22

After a never-ending wait at the airport in Paris, a stop in Warsaw, a flight to Wroclaw miraculously caught and a 80km drive, we finally arrived in Walbrzych. We are in south-east Poland, in Silesia.

It used to be mining lands but all the mines were closed 20 years ago, leaving behind misery and dark days for the population, opulent houses next to modern buildings... the outskirts look like those you can find further west, with the inevitable mass-marketing signs.
Today the region makes a living through free-zones given to the car industry, china and wood. It is also a spa town.
Some snow in the streets, people walking fast – it’s cold – there is an undefinable smell, a mix of coal and fuel, that nobody seems to notice.

We are wonderfully welcomed here by Bogdan Krol and his team at the House of Brittany...such a link seems amazing but Poland and Brittany communicate for more than 20 years and we are proud we have been invited this year for the “Brittany Week” in Poland.

During the lunch, Bogdan tells us about how people, including him, lived since world war two – miseries and restrictions – frontiers put between peoples – I’m glad he can talk about it with a smile. People here seem to breathe again after years of despair.
We can feel that hard times are not so far behind but everything is done to make you look at the future (and to forget?) – great care is given to details – there is stylishness and kindness everywhere we go.

For the first time the musicians too are given flowers at the end of the concert at the regional museum – I felt generosity from the audience. I was given a collection of poems from a local writer and a small chocolate bar – it was wrapped with such a great care that I remembered the meaning of the word “present” – I had forgotten about it in the parisian frenzy.

We had a quiet evening and walked around the town, in the cold wind, in search of a café.. we finally found a small bar where a couple of people were gulping down one drink after the other... where is everybody? Listening carefully, we could hear music from the bals of the town center.
People are warming up here dancing the walz !


23 novembre 007

Dans la matinée nos hôtes nous font découvrir la maison de la Bretagne…une petite parenthèse – dans des anciens bâtiments du parti – nous nous trouvons à l’intérieur d’une « annexe » de la Bretagne en Pologne – de nombreux échanges ont lieu depuis plusieurs années entre des collèges/lycées bretons et polonais.

Nous partons visiter le château de Ksiaz. C’est un des plus grands châteaux de Pologne…cet énorme château (entre médiéval et rococo) dresse sa silhouette au milieu de forêt sur une hauteur.
Les allemands ont autrefois réquisitionné le château et c’est seulement aujourd’hui que la Pologne retrouve un peu de son bien national…
Il est lentement restauré après avoir été pillé par les allemands et les russes…si bien que toute notre visite prend la tournure d’une visite « par l’absence » : ici, il y avait un tableau – là, une tapisserie – ici les cheminées ont été démontées – quel enfer que tout le monde se soit servi – un pillage en bonne et due forme…
Le château a appartenu aussi à des anglais de la famille de Churchill et à une certaine « princesse Daisy » qui est morte tragiquement.

Une étrange visite s’enchaîne avec celle du château : on nous emmène voir des souterrains gigantesques creusés par les nazis pendant la guerre….des km de galeries dont on ignore encore la signification et qui ont été soigneusement dissimulées par le régime communiste pendant des années …base arrière d’Hitler ou fabrique d’armement…voilà un tourisme un peu morbide à mon goût…mais le pays a surement besoin de montrer ses blessures … celles du paysage et des hommes… 





Concert ce soir dans le grand théâtre de la ville – un vrai petit opéra rococo avec boiseries dorées et angelots tout enguirlandés… 






Le concert sera un grand succès – dehors le temps s’est radouci et le froid piquant à laissé la place à un crachin presque breton…des roses rouges pour nous ce soir…

november 23

In the morning our hosts showed us the maison de la Bretagne – in the former building of the communist party, we are here in small Breton annexes in Poland – there are many exchanges between Breton and Polish schools.

We visited K castle. It is one the biggest castles in Poland – this huge building ( between medieval and rococo) is on a rocky peak in the middle of the forest. In WW2 the Germans requisitioned the castle but today Poland have regained one of its national treasures.
It is being restored step by step after having been plundered by germans and russians... to the extent that our visit turns around the “empty” theme: here there used to be a painting – here, a tapestry – here, the fireplaces were taken down... it is a pity everybody turned the whole castle upside down.
The castle belonged as well to Englishmen from Churchill’s family and to some “Princess Daisy” who died tragically.

A strange visit follows – we are taken to huge underground galeries dug by the nazis during the war – kilometers and kilometers, we still do not know what it was meant to be and that was carefully hidden by the communists for years. Hitler’s inner base or arm factory... this is a quite dreary kind of tourism...but the people need to show wounds in the flesh and landscape.

Concert tonight in the great town theatre – a small rococo opera with golden panellings and angels with garlands.
The concert was a real success – outside the weather is nicer and the chill turned into an almost Breton drizzle... red roses for us tonight....


Le 24 novembre

Nous roulons jusqu’à Bolesławiec, la ville où nous devons jouer le soir même.
Des paysages un peu tristes – industriels – l’hiver et le froid n’arrangent rien - mais ; comme je l’avais ressenti en Estonie, tous ces grands immeubles et énormes bâtiments auraient besoin de voir leurs couleurs ravivées pour que le paysage retrouve de la gaité…

L’endroit où nous jouons ce soir est assez extraordinaire …il s’appelle la « cave parisienne » - Il est tenu par Bogdan Nowak, un artiste qui a accompagné le mime Marceau sur scène pendant de nombreuses années et l’endroit est à son image : exubérant et accueillant – dans un dédale de pièces voutées, des canapés de velours rouges, des tables basses et surtout des objets…ramenés des quatre coins du monde par Bogdan – beaux ou insolites – partout où le regard se pose, il y a quelques chose d’extraordinaire à regarder…nous sommes a mi-chemin entre la caverne d’Ali baba et le moulin rouge.. ; Partout des tableaux, des statues et beaucoup de masques...
Je crois deviner que ce goût des masques chez Bogdan vient de son métier de mime dans lequel l’expression est si importante….

L’accueil est parfait du début à la fin, depuis le thé chaud servi à notre arrivée dans la porcelaine locale jusqu’au concert qui sera un très beau moment avec le public…
Après le spectacle nous sommes restés pour profiter de l’ambiance et nous voilà bientôt coiffés de chapeaux haut de forme que le maitre des lieux affectionne et qui nous donnent l’allure d’élégants personnages du Paris de la fin du XIXème siècle… 






Je suis toujours étonnée de voir comment le hasard met toujours sur mon chemin des lieux hors du temps et des personnages originaux… 





november 24

Driving to Boleslawiec, the town we are playing in tonight.
Sad industrial landscape- winter and cold do not make things better but, as I had already noticed in Estonia, these huge buildings would need some colour so that the landscape regains some joy.

Tonight’s venue is quite unusual… it is called “la cave parisienne” and is run by Bogdan Nowak, an artist who performed with the mime artist Marceau for many years and he decorated the place himself: it is exuberant and welcoming - a maze of vaulted rooms , red velvet sofas, tea-tables and many objects brought from all over the world, beautiful and original...
everywhere you look there is something extraordinary...half way between the Arabian nights and the Moulin Rouge. Paintings, statues and masks... I guess Bogdan likes masks because in his art expression is vital.

We were warmly welcomed : from the delicious tea served in local china when we arrived to the concert that was a great moment with the audience...

after the show we stayed and enjoyed the atmosphere, wearing the top hats our host collects: we looked like elegant Parisians just out of the 19th century...
I’m amazed by how chance always puts on my way extraordinary places and original characters.


25 novembre

Dernier concert ce soir et nous devons faire environ 200km pour rejoindre la ville de Poznan – La maison de la Bretagne locale y organise une soirée pour nous – toujours dans le cadre des semaines de la Bretagne…
je n’en reviens toujours pas de l’existence de ces petits îlots bretons à l’intérieur de la grande Pologne…je trouve cet échange généreux et plein de promesses pour l’avenir du pays…

petit désagrément au départ car le transport entre Bolesławiec et Poznan n’a pas été géré et c’est grâce à la gentillesse de Bogdan que nous ferons la route en voiture – une land rover dans laquelle la harpe rentre difficilement et qui nous obligera à faire les 200 km de route assis comme des fakirs dans le peu de place qui reste…de quoi me faire presque regretter de n’avoir pas choisi de jouer de la flûte !

A Poznan le concert sera un grand succès – je ne crois pas qu’il y aurait pu y avoir une personne de plus dans cette salle !
Une nuit à l’hôtel avant le retour et la fatigue commence à se faire vraiment sentir…

november 25

Last concert tonight and a 200km long drive to Poznan ; the local Maison de la bretagne organises an event there tonight, still whitin the context of the Breton week.
I can’t believe there are so many little breton islands inside such a big country...
This exchange is truly generous and promising for this country’s future.

Some trouble at first since nothing was planned for the journey from Boleslawiec to Poznan but Bogdan kindkly drove us there, in a land rover..
the harp hardly fits in tghe car and we spend the journey sitting like fakirs in the little space left... it almost makes me wish i chose to play the flute !

Poznan – the gig was a great success – I think there couldn’t have been room for one more person !
Night at the hotel before driving back home. We’re slightly exhausted…


26 novembre 2007 



Retour à Wroclaw pour reprendre l’avion pour la France…
Plusieurs choses m’ont frappée dans ce pays – tout d’abord la gentillesse de ses habitants et des gens que nous avons croisés sur notre chemin malgré beaucoup de difficultés au niveau de la langue. (peu de polonais parlent l’anglais et la langue polonaise est restée très hermétique pour moi avec sa prononciation si différente des langues que je connais)

Ensuite j’ai ressenti que la place accordée à la musique dans ce pays était très importante. Jamais nous n’avons voyagé, dîné, ou bu un verre, sans que la radio ou un disque ne soient présents en fond sonore…Comme si la musique était un fil qui reliait tout ce monde à la vie et peut être à une certaine idée de modernité et de confort…il y a un goût immodéré pour la « variété » pop internationale des années 70’ 80’.
Je pense – peut être en me trompant – que les gens ont été privés de ces musiques pendant des années noires – les écouter en boucle aujourd’hui est comme un luxe simple qui oxygène les esprits et redonne le sourire…
Nous avons aussi beaucoup ri lorsque dans notre premier hôtel les serveuses ont voulu nous faire plaisir en passant de la musique française pendant notre dîner tardif…ce repas passé entre l’accordéon, Maurice Chevalier, Joe Dassin ou Sheila était surréaliste !

Enfin, sur le chemin du retour, j’ai pu voir un immense cimetière sur la route menant à l’aéroport de Wroclaw... ; Il faisait nuit et partout des lanternes étaient allumées autour des tombes – j’ai trouvé que c’était une jolie façon d’honorer les défunts….
Et toutes ces bougies venaient apporter leur petite touche de chaleur et de lumière au cœur de l’hiver polonais…

november 26

Back to Wroclaw and France.

Several things struck me in this country – first the kindness of its inhabitants and of everybody we met on the road, despite some difficulties due to the language barrier: few peoples speak english and polish remained a very mysterious language to me, with its pronounciation so different from all the languages I know...

Then I felt there was a lot of space given to music in this country. We never travelled, dined or had a drink without radio or records as a background. As if music was a thread that linked everybody here to life and maybe to a certain conception of modernity and comfort. There is here an immoderate taste for the international pop music of the 70s and 80s.
I think – but I may be wrong – people were deprived of this music during the dark years, and listening to it endlessly today is like a simple luxury that allows them to breathe and smile again.

We had a lot of fun too when in the first hotel the waitresses wanted to please us playiong french records during our late dinner... eating while listening to Maurice Chevalier, acordeon music, Joe Dassin or Sheila was quite surrealistic!

On the way back, I saw a huge graveyard on the road to Wroclaw’s airport. It was dark and lanterns were lit everwhere around the graves... I thought it was a nice way to honour the dead.
All these candles brought their little warmth and light to the Polish winter...