samedi 15 mai 2010

2010...Carnet de voyage d'une bretonne au Japon (Extraits) -



2 septembre 2009 – Aéroport de Narita – banlieue de Tokyo 
Notre avion se pose. Premier voyage au Japon et premières impressions en cascade...ville tentaculaire et immeubles à perte de vue, échangeurs , densité humaine, mais aussi fluidité des déplacements...des milliers de petites lumières sur la baie de Tokyo - la ville s'est faite scintillante pour nous acueillir... 
Depuis plusieurs mois déja, je travaille sur la musique du prochain film des studios d'animation japonais Ghibli avec mon complice Simon Caby. 
Un grand bonheur et un grand challenge aussi de composer pour ces studios que j'admire tant ! 
Je meurs d'impatience de rencontrer les equipes et de découvrir les célèbres studios qui ont produit "mon voisin totoro", "le tombeau des lucioles" ou encore "Ponyo sur la falaise". 
(...) 


3 septembre 2009
La langue japonaise est décidemment bien éloignée de moi...les alphabets et caractères chinois mélangés me donnent beaucoup de fil à retordre.
J'essaye peniblement d'apprendre quelques rudiments pour honorer tous les gens qui nous invitent ici.
Je trouve que la logique de la langue japonaise est très différente de la notre et des langues "occidentales".
Peut-etre la façon de construire sa langue donne t-il aussi une façon de penser différente? Cela participe au "choc des cultures."
(...) 



7 septembre 2009
La cuisine japonaise est parfois un vrai challenge pour les papilles occidentales.
Après avoir partagé il y a quelques jours un dîner traditionnel fabuleux (pas moins de13 plats!), nous sommes maintenant invités pour clore nos dures journées de travail à un autre banquet traditionnel autour du thème du Tofu (lait de soja caillé) :
Tofu séché, fumé, en feuilles, en blocs, en soupe, en beignet , ou "poilu" !
Il faut parfois avoir l'estomac bien accroché... (...)

1er Avril 2010.

Vol de nuit pour ce nouveau voyage au Japon – 11h d'avion au dessus des nuages.
J'ai sommeillé en survolant l'Europe, la Russie et la Chine...
Je ne suis jamais plus heureuse que lorsque je suis en mouvement ou en transit vers un ailleurs.
Plus que la destination finale, c'est le chemin en lui même qui me plait et me fascine.
Est ce que ce goût immodéré pour les voyages me vient de possibles et lointaines orgines celtes?
Je suis toujours surprise lorsque je voyage à l'étranger de voir le nombre de bretons qui croisent mon chemin.
A croire que les bretons ont vraiment essaimé dans les moindres recoins du monde habité ! – un vrai peuple voyageur diséminé sur le globe et souvent très fier de ses racines
– Souvent aussi j'ai ressenti chez ces bretons "nomades" la nostalgie du pays natal et l'envie de faire partager leur amour de leur region d'origine. 





Cela ne fait pas exception à Tokyo, où l'association "Bretons du Japon" se démène pour faire connaitre la Bretagne et sa culture aux japonais.
L'assocation est très dynamique et j'aurai le grand plaisir de particpier aux festivités de la St Yves le 14 mai prochain à Tokyo : conférence de presse, concert, exposants.
Je suis ravie de pouvoir participer modestement à ce rayonnement de la Bretagne à l'étranger.

2 avril 2010
Décalage horaire aidant, le réveil sera matinal et nous décidons de laisser nos pas nous porter jusqu'au Inokashira park (Kichijoji – banlieue bohème de Tokyo) pour admirer les célèbres "Sakura"– ou cerisiers en fleurs.
C'est la saison parfaite : tout le Japon se donne rendez vous pour célébrer leur beauté à cette époque de l'année.
Les vieux s'installent confortablement sur des bancs, les jeunes étendent des baches sous les cerisiers et tout le monde festoit, boit, et se réjouit entre amis ou en famille.
Je ne crois pas qu'il y ait d'équivalent de cette fete du printemps chez nous.
Il faut dire que le spectacle de tous ces cerisiers en fleurs est particulièrement magnifique. ..Ces "clichés" du Japon sont bien réels et très apaisants. 









Dans ce parc de Inokashira, tout est réuni pour le plaisir des yeux et la contemplation: Lac habité par des carpes centenaires, temple et bouddhas paisibles. 




6 avril 2010
Jour de promotion autour de la sortie japonaise de l'album "Karigurashi", le disque qui contient la plupart des chansons composées pour le film des studios Ghibli.
Rendez-vous dans un très beau parc au coeur de Tokyo.
Les interviews et séances photos se succèdent à un rythme effrené – c'est éreintant.
C'est pendant ce genre de journée que je suis le plus impressionnée par l'organisation japonaise.
Je souris en pensant au flou artistique voire à la cacophonie qu'une journée aussi chargée que celle ci aurait pu donner en France ! Sans vouloir caricaturer mon pays, je dois dire que nous sommes moins disciplinés et surtout moins ponctuels que nos amis japonais... 




8 avril 2010
Deux jours de libres et c'est enfin l'occasion enfin de sortir de Tokyo.
Je suis très attirée par la campagne.
Nous prenons le Shinkansen (equivalent notre TGV national) en direction de Nagano, puis un train express nous emmène vers la ville de Yudanaka, dans les montagnes.
Ici nous allons vivre à la japonaise, dans un "ryokan" ou auberge traditionnelle: on se déchausse avant de rentrer dans les pièces, les sols sont en tatami (tapis de paille de riz tressée), on dort sur des matelas fins posés à meme le sol, on dine autour d'une table basse sur laquelle sont présentés un assortiment de plats délicieux et savamment composés.
La region de Yudanaka est aussi célèbre pour ses bains thermaux naturels ou "Onsens"...Autant dire que nous ne nous en priverons pas.
D'ailleurs, nous ne sommes pas les seuls, puisque, à quelques kilomètres de là , plus haut dans les montagnes, à Jigokudani , une colonie de singes profite aussi de ces sources chaudes naturelles et fait le bonheur des touristes du monde entier venus les photographier. 








Le mélange entre tradition et modernité est facsinant ici : Les technologies les plus high tech' cotoient un passé qui semble immémoriel : notre train ultra rapide à traversé des champs dans lesquels de petites silhouettes courbées retournaient la terre avec des houes ; à Tokyo un temple bouddiste peut cotoyer un building ultra moderne de façon très harmonieuse. L'autre jour j'ai aussi eu le plaisir de commander un plat de nouilles traditionnelles ("ramen") à un distributeur automatique assez déconcertant...
Il y a peut peut etre une leçon pour nous dans tout cela : trouver comment concilier harmonieusement des traditions, une culture locale, ou un mode de vie ancestral, tout en vivant dans un monde moderne où tout bouge et évolue très vite...
Je trouve que les japonais se sortent assez bien de ce numero d'équilibrisme. 





9 avril 2010
Déjà le dernier jour de ce nouveau voyage.. J'attend avec impatience le prochain départ, au moment de la St Yves à la mi-mai.
Je réussirai peut etre enfin à m'habituer aux copieux petits déjeuners traditionnels japonais : legumes marinés au vinaigre, poissons fumés, et soupe aux champignons ont pour l'instant encore un peu de mal à passer de bon matin.
A moins que je n'emmene plutôt avec moi quelques crêpes et brioches bretonnes dans les bagages...

Mai 2010
a nouveau nous partons pour Tokyo pour 15 jours, cette fois pour finaliser le mixage de la musique du film. Les enregistrements sont enfin terminés !
Le directeur musical, Kasamatsu-san, a fait un travail incroyable avec les effets sonores et l'integration des musiques à l'image.
Au même moment les équipes du film enregistrent les dialogues avec les acteurs. 





Nous avons emmenés les musiciens dans nos bagages pour donner un concert avec eux à l'institut franco japonais à l'occasion de la St Yves, fête des bretons du monde entier. Cet évènement mémorable était organisé à Tokyo par l'association des bretons du Japon.
Avant le concert on m'a conviée à une conference de presse : je dois présenter la Bretagne aux journalistes japonais venus nombreux.
Comment bien parler de ma région en quelques minutes et en quelques lignes?
Je choisi de raconter tout simplement mon enfance et ma découverte de la richesse de ma région quand j'étais adolescente.
A cet âge là cela m'avait fait comme un choc de découvrir la force du patrimoine culturel et artistique de ma région; je voulais tout connaître, la musique, les monuments, les paysages, la "grande" histoire de ma région, mais aussi l'histoire des "petites gens", les contes , les légendes, les croyances.
C'est vers 15 ans je crois que j'ai pris conscience qu'il existait cette richesse culturelle à portée de ma main.