mercredi 3 septembre 2008

Ete 2008 - Sur la Route - leçons et merveilles

Etre sur la route est devenu ma vie et une seconde nature depuis quelques mois. 
Je me suis rendue compte que J’aimais le cheminement, le défilement de la route, du paysage, traverser les lieux, les villages, être traversée par eux aussi. 
Peut être même plus que les destinations elles-mêmes…Et il m’est désormais très difficile de m’arrêter quelques part plus de quelques jours sans ressentir l’ennui qui pointe son nez, sauf chez moi, dans ma petite maison, quand j’y reviens, pour me ressourcer avant de repartir… 





Avec tous ces voyages, j’apprends aussi une autre façon de voyager, de me déplacer et ressentir les endroits traversés.
Autrefois, lorsque j’arrivai dans un lieu nouveau, une ville, un pays étranger, j’étais prise d’une frénésie de tout visiter, connaitre l’histoire de la ville, en voir les moindres recoins intéressants, les coulisses, les monuments, les églises…

Aujourd’hui j’envisage les choses d’une autre façon, peut être parce qu’en tournée nous ne passons jamais beaucoup de temps au même endroit : a Tallinn, en Estonie, rien ne m’a paru meilleure façon de ressentir la ville que de m’asseoir à la terrasse d’un salon de thé armée d’un livre, d’un thé et de biscuits et de regarder la ville vivre autour de moi. Plusieurs heures en pleine après midi passées ainsi, sous un soleil pâle, après mon concert à l’église St John.
J’avais ainsi l’impression d’être traversée moi-même par l’esprit de la ville, de la connaitre au rythme où elle vit, et non au rythme auquel elle est parcourue par les visiteurs avides de merveilles…

De cet été 2008 je retiendrai les côtes du Finistère, battues par le vent, une mer blanche d’écume tant elle était en fureur, les ciels gris et chargés qui ont été de mise pendant presque tout cet été breton, les escales dans les cafés pour échapper à la pluie… 





Souvenirs de concerts

L’abbaye de Landevennec, toujours fidèle et belle, ruine majestueuse mais amie, dans laquelle nous avons joué en trio ; le festival de harpe de Dinan, remarquable, et animé par l’amour de cet instrument magique ; le festival Kann al Loar aux côtés de Carlos Nuñez, avec des organisateurs merveilleux, tout comme ceux des Jeudis du port de Brest, où nous avons passé une soirée haute en couleurs.
Les ports sont décidemment des endroits un peu à part…peut être parce qu’ils contiennent en eux tant de départs, d’adieux, d’au revoir ?

Magique aussi l’église de Locronan dont les pierres ont été l’écrin parfait pour le trio.
De bons moments passés au village de Poulfetan, une bonne adresse à découvrir aussi à « l’Auberge du pont » de Lannilis pour ceux qui aiment la bonne chère.

Leçons... 



De cet été 2008 j’aurai aussi appris la méchanceté, la malhonnêteté, et la bêtise…
Vraiment, je ne l’avais pas beaucoup trouvée, ou pas encore remarquée, sur mon chemin de troubadour…

La bêtise, quand des techniciens appelés fort mal a propos « ingénieurs du son » sabotent notre son au concert des trente ans de Keltia Musique ; une soirée qui fut, a part ce désagrément qui nous toucha beaucoup, un très beau moment avec des artistes talentueux.
Plus le temps passe, plus je suis fière de faire partie des artistes qui travaillent avec ce label.

La malhonnêteté, quand l’organisateur du festival folk dans lequel nous avons joué fin août au Pays de Galles part en vacances avec l’argent des recettes et oublie de payer ses équipes et les artistes...
aucun commentaire à ce sujet si ce n’est son nom : Arthur E Turner Thomas. Si vous croisez un jour la route de cet homme, changez de direction, et peut être cassez lui le nez de ma part au passage…

La méchanceté enfin, quand une personne se met à vous haïr et raconter partout tout le mal qu’elle peut en souhaitant vous faire renoncer à la musique…
Voilà qu’un matin tranquille cette femme débarque et déverse des mots sur moi comme si elle versait du poison ; j’ai eu l’impression que sa langue devenait fourchue au fur et à mesure de sa tirade.
Une scène d'autant plus triste quand cette personne est celle qui vous a donné autrefois vos premières leçons de harpe et que vous croyiez être une belle personne….
Qu’est ce qui peut pousser les gens à se laisser déformer par la haine et l'aigreur?

Je m’étais imaginée, peut être parce que la musique évoque pour moi le respect, le partage, et aussi une certaine forme d’amour, et que cela reste le moteur pour moi de la créativité, que je serais enveloppée par ces sentiments et épargnée de toute bêtise et méchanceté… à la différence d’autres métiers peut être…
C’était vraiment un peu naïf, je l’avoue.

Cet été 2008 fut en tout cas une bonne leçon de ce côté-là et m’a appris à me protéger mieux contre les « mauvais »…
j’ai maintenant une armure à toute épreuve.

Bref, ces petites amertumes ne méritent pas qu’on s’y attarde car resteront plutôt gravées dans mon cœur les belles rencontres que j’ai pu faire avec les spectateurs, certains qui nous suivent depuis des années, d’autres qui nous découvraient pour la première fois.
J’ai été heureuse de voir toujours plus d’enfants dans le public qui aimaient notre musique.

J’ai été honorée des rencontres que j’ai faites, celle avec Carlos Nuñez, qui est un musicien incroyablement talentueux et généreux, celle aussi avec le harpiste Ismaël Ledesma, lui aussi virtuose, de la harpe paraguayenne, qui est une personne très précieuse à mes yeux.

Gravés aussi les moments de vie sur scène et en dehors de la scène avec les musiciens. Souvent indisciplinés, parfois agaçants, ils sont mes compagnons et fidèles amis sur la route et je remercie le ciel chaque jour d’avoir croisé leur chemin et d’être aussi chanceuse de les avoir sur scène avec moi.
Ce sont eux qui donnent vie à mes chansons chaque soir... 





J’espère vivre d’autres étés aussi riches que celui là, avec un brin de soleil en plus, pourquoi pas….